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Incendie au Kenya: le président Ruto fustige « la corruption » de plusieurs fonctionnaires

Samedi 3 Février 2024

Le président kenyan William Ruto
Le président kenyan William Ruto

Le président kényan William Ruto a dénoncé samedi "la corruption" et l'incompétence" de fonctionnaires qui ont permis l'installation dans une zone résidentielle d'un site de stockage de gaz à l'origine d'un incendie qui a fait trois morts et 280 blessés à Nairobi.

 

Cette installation dans le quartier densément peuplé d'Embakasi, dans le sud-est de la capitale kényane, avait initialement été qualifiée d'"illégale" vendredi par les autorités.

 

Mais l'Autorité nationale de gestion de l'Environnement (NEMA) a révélé samedi que la société Maxxis Nairobi Energy avait obtenu une autorisation d'installation le 2 février 2023.

 

"Les enquêtes préliminaires ont révélé que quatre agents de la NEMA ont traité la licence de manière non conforme à la procédure et sont donc coupables", a déclaré samedi le président du conseil d'administration de la NEMA, Emilio Mugo, dans un communiqué.

 

L'agence a donc "ordonné que les agents impliqués se retirent immédiatement en attendant une enquête plus approfondie menée par les agences gouvernementales compétentes", a-t-il ajouté.

 

Sans mentionner explicitement la NEMA, William Ruto a appelé à ce qu'ils soient "licenciés et poursuivis pour les crimes qu'ils ont commis", lors d'un déplacement dans le comté de Kakamega (ouest).

 

"Les fonctionnaires du gouvernement ont délivré des licences pour des installations de gaz dans des zones résidentielles alors qu'il était très clair que ce n'était pas la bonne chose à faire, mais à cause de l'incompétence et de la corruption, ils ont délivré des licences", a-t-il déclaré, dans sa première réaction publique à ce sinistre, qui a placé le gouvernement face à de vives critiques.

 

- Traque -

 

L'incendie a été déclenché jeudi vers 23H30 locale (18H30 GMT) par l'explosion d'un camion à proximité de ce site de stockage et remplissage de gaz de pétrole liquéfié (GPL) à Embakasi, quartier qui comptait 998.000 habitants selon le dernier recensement de 2019.

 

Surpris en pleine nuit par la puissante déflagration, les habitants ont décrit une "boule de feu" qui s'est ensuite propagée, ravageant commerces et habitations et semant le "chaos". Les pompiers ont mis plus de neuf heures pour maîtriser les flammes.

 

Vendredi, le gouvernement faisait état de trois morts, 280 blessés et plus de 400 familles sinistrées. Aucun nouveau bilan n'était disponible samedi matin.

 

Vendredi, le vice-président Rigathi Gachagua avait assuré que les responsables du site "répondront de leurs actes". Mais ceux-ci étaient toujours recherchés samedi. Une seule personne a pour l'instant été arrêtée: un agent chargé de la surveillance du site où l'explosion s'est produite.

 

Selon de premiers éléments, l'explosion a été causée par un remplissage de bonbonnes de gaz dans des conditions dangereuses, ont indiqué les ministères de l'Energie et de l'Intérieur dans un communiqué conjoint vendredi soir.

 

"La nuit fatidique, le remplissage des bouteilles de GPL a été effectué à l'aide de multiples connexions directes à la citerne de GPL, augmentant ainsi le risque de fuite et d'explosion", affirment-ils.

 

- Condamnations et démolitions -

 

Ce spectaculaire incendie a révélé une série de dysfonctionnements.

Vendredi, l'Institut pétrolier d'Afrique de l'Est (PIEA), qui regroupe les sociétés de gaz et de pétrole de la région, avait souligné que ce "site illégal de remplissage et de stockage de GPL" était connu, le propriétaire et certains de ses clients ayant été poursuivis en 2020 et condamnés en mai 2023.

 

L'organisation déplorait les peines prononcées, notamment contre le propriétaire, condamné à une amende de "500.000 shillings (environ 3.300 euros de l'époque, ndlr) ou un an d'emprisonnement, au lieu de 20 millions de shillings (environ 134.000 euros) ou cinq ans d'emprisonnement".

 

Le gouvernement et l'Autorité de régulation de l'énergie et du pétrole (EPRA) ont de leur côté assuré que trois demandes de construction d'une usine de stockage et remplissage de GPL sur le site de l'explosion avaient été rejetées l'an dernier, en mars, juin et juillet 2023.

 

"La principale raison du rejet était le fait que les conceptions ne respectaient pas les distances de sécurité", a souligné l'EPRA, évoquant notamment de "la forte densité de population autour du site proposé".

 

Dans leur communiqué, les ministres de l'Energie et de l'Intérieur ont également affirmé qu'"à deux reprises, en mars 2020 et janvier 2021, l'usine construite illégalement sur ce site a été démolie par l'EPRA et les exploitants ont été poursuivis en justice". [AFP]

 

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